Le Pays du sourire est, avec La veuve joyeuse, l'opérette la plus célèbre de Franz Lehár. Depuis sa création, son succès ne s'est jamais démenti. Les grands airs de la partition ont fait le tour du monde: « Je t'ai donné mon cœur », « Mon amour et ton amour », « Prendre le thé à deux »...Les amours contrariées du prince Sou Chong et de la belle Lisa conduisent le public de la principauté imaginaire de Oldenburg, où la valse est reine, jusqu'à la Chine lointaine aux traditions millénaires. Le pays du sourire, c'est aussi le choc de deux cultures que l'amour et la musique pourraient réunir. Mais la fin est tragique, les amants se séparent. Magnanime, le prince Sou Choung rend la liberté à celle qu'il a tant aimée. Les « Matelots de la Dendre » ont donné, en ce deuxième week-end de mars, un spectacle d'une rare qualité, pouvant rivaliser avec les grandes maisons lyriques. La mise en scène, classique, fidèle au livret original, a été réglée, avec inventivité et précision, par Dominique Papegay, tant dans les scènes intimistes que dans les ensembles, particulièrement impressionnants, du deuxième acte. Les chœurs, dont les interventions sont peu nombreuses, mais si importantes, ont été à la hauteur d'une partition exigeante. Quant aux solistes, ils ont répondu aux attentes du public athois.
Daniel Houbrechts a souvent incarné le prince Sou Chong (la 120e fois ce dimanche). La voix est ample, claire, puissante, passant de la nuance subtile des pianos de l'air des « Pommiers en fleurs » au forte éclatant de celui de « Je t'ai donné mon cœur », justement bissé à la demande du public. Pour Irène Candelier, jeune soprano du Nord de la France, il s'agissait d'une prise de rôle. Elle fut une Lisa tendre et ferme, amoureuse puis meurtrie, subissant le choc des cultures. Sa prestation athoise laisse présager d'une grande carrière lyrique, tant par la qualité de la voix que le jeu de scène. Le ténor Stanny Leroy n'est pas un inconnu au pays d'Ath. C'était sa première prestation avec les « Matelots de la Dendre ». Une grande première ! Dans le rôle de Gustave, il a séduit par sa jeunesse et son aisance vocale et scénique. Carmélina Catalano fut une Mi toute en nuance, passant du registre léger (« Au salon d'une pagode ») au plus dramatique dans le final de l’œuvre. Jean-Paul Saussez effectuait son grand retour sur la scène des « Matelots de la Dendre ». Il fut un Tchang impressionnant, gardien des traditions de la Chine impériale. Daniel Leclercq est coutumier des rôles de composition. Comte de Lichtenfeld au premier acte, il fut un chef des eunuques conforme à la vérité historique, loin du personnage ridicule de nombreuses productions. Les autres rôles ont été tenus avec beaucoup de conviction par des membres de la société : Myriam Sansen, Magali Brotcorne, Dominique Loiselet, Bénédicte Jorion, Jean-Pierre Elius, Pascal Cocu et Etienne Pladys. Les ballets, dirigés par Annie Savouret, furent particulièrement appréciés dans les cérémonies du deuxième acte. La direction musicale de Pascal Chardon, précis et attentif au plateau, a mis en valeur la qualité de la partition, à certains moments, très proche de l'opéra. Le nombreux public a unanimement ovationné le spectacle. Nul doute qu'il répondra encore présent au gala de la ducasse d'Ath, les 1er et 2 septembre, lors de la représentation de Méditerranée de F. Lopez. (Réservation à partir du 15 juin au 068/28.37.62 )