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Ath: Romani Badir sera à Ath pour les pauvres

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 483117_2.jpgCe jeudi 15 novembre, à 20 h, à Ath (Maison Culturelle, Château Burbant l’Historien Athois Christian Cannuyer accueille Romani Badir, un des fils spirituels de Soeur Emmanuelle. Comme le souligne Christian Cannuyer. » Il viendra nous parler de ces chiffonniers du Caire dont il est issu, pauvres dans les pauvres de la pauvre Egypte, aujourd'hui confrontés à une nouvelle donne socio-politique qui n'est pas sans susciter de l'inquiétude pour la minorité chrétienne. »

« Je suis né en 1969 dans une famille copte orthodoxe du bidonville d’Imbaba qui fut rasé deux ans plus tard. Ma famille s’est alors installée ici au Mokattam. Dès l’âge de 4 ans, j’ai accompagné mon père pour garder la charrette dans la rue pendant qu’il ramassait les poubelles dans les appartements. Je me levais à 3 heures le matin, mais cela ne m’a pas empêché, dès 6 ans, après la tournée, de fréquenter l’école à 2 heures de marche de l’autre côté de la cité des morts.  À l’âge de 11 ans, j’aivu arriver sur la colline une drôle de petite dame qui voulait consacrer sa vie à aider mes frères. Depuis une dizaine d’année, Sœur Emmanuelle – car c’était elle, bien sûr,logeait dans le quartier des chiffonniers d’Ezbet el-Nakhl, chez Amm (Oncle) Labib et son épouse Malaka. Dès son arrivée, elle s’est chargée de mon éducation. A 12 ans, j’étais professeur d’alphabétisation pour des adultes 20 ans plus vieux que moi, j’ai appris l’anglais à l’école secondaire, le français au centre culturel de France avec les enfants des diplomates, j’ai obtenu mon bac et à ce moment, elle m’a emmené dans ses tournées en France, en Suisse et en Belgique. J’étais avec elle à Louvain-la-Neuve pour la remise de son diplôme de Docteur Honoris Causa. C’était en 1987. Je suis revenu au Mokattam et me suis perfectionné dans l’électromécanique à Hélouan et j’ai décidé une fois pour toute de rester ici, auprès de mes racines, pour aider mes frères à mon tour. C’est alors que les constructions en dur se sont multipliées équipées de l’eau et de 12.jpgl’électricité, une nouvelle école a été construite et tout cela grâce à elle. J'ai fondé une entreprise qui a pour but de fédérer et de soutenir le travail de tous les ateliers de recyclage. J'ai aussi créé à  Maadi Tourah (un autre quartier de chiffonniers) une maison communautaire qui possède un jardin d’enfant, une aire de jeu pour les adolescents et une classe d’alphabétisation pour les femmes.

"Un témoin qui rencontre régulièrement Romani complète cette présentation :Le lundi 25 juin 2012, je retrouve pour la énième fois Romani dans son antre. D’emblée il commente le résultat de l’élection présidentielle dont Mohammed Morsi, le leader des Frères Musulmans, est sorti vainqueur : « Ça vaut peut-être mieux ainsi, si Chafiq avait été élu, le pays aurait été à feu et à sang, il faut attendre maintenant les actes, les paroles c’est du vent ». De toute façon la situation est difficile pour les chiffonniers depuis pas mal d’année, bien avant la révolution : « la réforme du système de gestion des déchets en 2002 déléguant à des sociétés européennes la collecte

a eu comme effet majeur d’accentuer les écarts entre les zabbâlîn » écrit Bénédicte Florin, professeur à l’Université de Tours.  « Mais les chiffonniers s’y sont tant bien que mal adapté. Le coup de grâce fut la grippe H1N1, qualifiée abusivement de grippe porcine, qui a conduit à l’abatage de 300.000 porcs en mai 2009 » poursuit-elle. Depuis la révolution, les affaires marchent au ralenti. Romani a fondé, il y a 20 ans, une entreprise de recyclage de déchets plastiques. Il est devenu dans ce domaine une référence. Dernièrement, il était invité en France pour un colloque dans ce domaine. Lorsque je l’ai vu la dernière fois en février 2012, les affaires étaient à l’arrêt suite à la fermeture des entreprises égyptiennes qui rachètent ses déchets recyclés. Aujourd’hui les affaires semblent reprendre. Mais ce qui reste en travers de la gorge de Romani, c’est l’effondrement du rocher, pourtant prévisible, en 2008, qui a causé la mort de 23 personnes de la communauté et la bagarre rangée avec les salafistes en mars 2011 qui a laissé 10 familles dans le deuil. 

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