Un Athois et ancien professeur, Lucien Cordier pose
un regard sur l’école d’aujourd’hui.
Mi-juillet 2013, première déclaration de la nouvelle ministre de l’éducation : « je vais pognerdans le bazar ».Belle entrée en matière pour Marie-Martine Schyns, romaniste de formation.Comment va-t-elle s’y prendre pour « cogner » dans le« souk » scolaire ?
Nouveau décret-mission? nouveau projet éducatif ?
Depuis les années 60, les réformes s’enchaînent, sans résultat tangible (voir les classements internationaux PISA de l’OCDE et l’étude PIRLS).
Un Athois et ancien professeur, Lucien Cordier pose un regard sur l’école d’aujourd’hui.
La déstabilisation débute en 68 avec le Rénové. Cet enseignement découlait d’une stratégie du PS dont le but était une grande démocratisation sociétale. Les enfants nés dans des familles modestes allaient pouvoir rivaliser avec les privilégiés des familles dites cultivées et accéder à l’enseignement supérieur. Echec le plus complet.
A.Dubois, ministre de l’époque ignorait deux principes fondamentaux :
- Entre le fort et le faible, trop de liberté opprime; par contre, la règle libère.
- Le principe hegelien « de ruse de la raison ou de ruse de l’histoire» : par une série de mécanismes, conscients ou inconscients, on est arrivé à un résultat différent de celui prévu par les gouvernementaux.
Autrement dit, cette pédagogie du laisser-faire (enseignement à la carte, non-directivité, message informel, suppression des manuels…) mettait les « nantis » en position de force pour soutirer des réformes, des avantages propres.
Aujourd’hui, l’école s’englue dans la technocratisation.
Tout est dans le vocabulaire (compétences transversales, métacognition, docimologie critériée…) mais dans les faits, rien.
Il suffisait d’évoluer et non de révolutionner : actualiser les matières enseignées, favoriser l’interdisciplinarité, penser d’une manière systémique… mais surtout comme disait le philosophe Alain, « donner le goût à la connaissance par la lecture, la curiosité en tout pour finalement déboucher sur la pensée élargie grâce à des savoirs organisés et concrets ».
La suppression des manuels scolaires fut antidémocratique, le livre n’a jamais été un carcan, il est un support de la pensée quelle que soit la position sociale de l’apprenant.
Le maître garde toujours sa liberté pédagogique. Il choisit le didactisme adapté à son auditoire et en fonction de sa personnalité.
Je conseille aux technocrates, prédicateurs des nouveaux dogmes scolaires de nous procurer les outils indispensables à la justice sociale. Un enseignant ne peut humainement être créateur, concepteur et interprète de savoirs de plus en plus complexes.
Dans cette optique, on peut espérer atteindre ce que le rapport Condorcet prévoyait déjà en 1792 :l’égalité des chances dans la diversité des intelligences.
Lucien Cordier
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