L’exemple d’Artemisia Gentileschi ou celui de Camille Claudel le démontre à souhait : pendant des siècles, les femmes ont été exclues du choix de tout métier, et donc aussi de la sphère artistique. Née en 1865, fille d’une modeste lingère et d’un père inconnu, Suzanne Valadon est doublement pénalisée, car elle ne bénéficia pas d’une éducation artistique que lui aurait procurée un milieu bourgeois, comme celui des sœurs Morisot, par exemple.
Heureusement, les fées ont déposé dans son berceau quelques perles rares : un caractère indomptable et une beauté classique et sauvage à la fois. Cette grâce lui permet rapidement de devenir modèle pour les peintres qui vivent à Montmartre, un lieu où les loyers sont encore modestes sous la basilique alors en pleine construction. Outre les visites au Louvre et ateliers divers, Suzanne Valadon s’initie et se forme à l’art surtout en regardant les artistes qui la représentent, en dialoguant avec eux, d’égale à égal. Elle troquera petit à petit le costume de modèle pour la blouse du peintre.
Un destin singulier l’attend : elle deviendra une artiste reconnue et sera souvent exposée. Elle donnera naissance à Maurice Utrillo, le chantre de Montmartre dont l’œuvre peint se distingue fortement de celui de sa mère.
L’histoire de l’art est machiste, elle ne fut longtemps écrite que par des hommes qui ne reconnaissaient du génie qu’aux hommes. Cette cécité débile a plongé Suzanne Valadon pour quelques années dans l’obscurité. Aujourd’hui, ses toiles entêtantes reviennent affirmer leur profonde originalité et c’est à la découverte d’un travail exemplaire de la modernité que cette conférence souhaite vous emmener.
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Conférence de l'Université du Temps Disponible
Suzanne Valadon, une femme libre
Par Anne Hustache
Mardi 7 octobre à 14h30
Au Palace d'Ath