Samedi 9 mars à 15 h, au Palace, cafétaria, Panorama de l’activité brassicole à Ath sous l’Ancien Régime, par Jean-Pierre Denis, bourgmestre et Député honoraire, membre du bureau du Cercle.
La conférence sera suivie d’une dégustation des bières de la Brasserie des Légendes, organisée par Pierre Delcoigne.
Comment fabrique-t-on la bière sous l’Ancien régime ?
Quels sont les ustensiles à disposition ? Quelles sont les capacités de production ? Quelles sont les lignes de force d’un des secteurs les plus lucratifs du paysage économique local ? Comment les autorités locales ont-elles manœuvré pour obtenir le partage de cette manne financière ? Telles sont les questions auxquelles le conférencier s’efforcera d’apporter des réponses à partir d’un large dépouillement archivistique.
Quasi aucune information ne nous est parvenue sur les anciennes brasseries banales mise à disposition par les seigneurs laïcs et ecclésiastiques. Très tôt, des brasseries bourgeoises (privées) ont probablement été autorisées moyennant le paiement d’une taxe. Ces établissements privés étaient plus à même de répondre aux multiples variations de la demande d’une ville en développement et des besoins financiers qui en découlent.
Les XIIIe et XVIe siècle pourraient correspondre à l’âge d’or de l’activité brassicole. Les brasseurs jouissent d’une situation de monopole coulée dans des textes légaux (ordonnances des brasseurs de 1481). Des règlements émanant des différents niveaux de pouvoir tentent de mettre au pas une profession à la rentabilité en plein essor et prompte à imaginer des stratégies d’optimisation susceptible d’alléger ou éluder une charge fiscale (maltôte) indispensable à la construction et l’entretien des fortifications, le remboursement des emprunts et le versement des aides au souverain. Au fils des décennies, la Ville va tenter de renforcer son emprise dans la régulation d’un secteur économique générateur de profits importants.
Le glissement de la production de bière dans le giron public s’effectue en trois temps.
A la fin du XVIe siècle, les pouvoirs publics commencent à porter atteinte aux privilèges accordés jadis aux brasseurs sous la forme d’une, puis de plusieurs brasseries communales. Au début du XVIIe siècle, un nouvel élément instille un peu plus de concurrence dans le secteur. Désormais, les vendeurs au détail (« brocqueteurs », taverniers, aubergiste et autres « hostelains») pourront brasser (1616) et les particuliers ne pourront fabriquer leur bière que dans les établissements communaux. A la fin du XVIIe siècle, face à l’ampleur des difficultés financières et les multiples obstacles entravant la perception des accises sur les bières, les échevins se radicalisent et obtiennent la suppression et l’expropriation forcée des brasseries bourgeoises (privées). En agissant de la sorte, la Ville s’alloue le monopole du brassage sur l’ensemble de l’espace urbain. Toutes ces dispositions successives sont querellées devant les tribunaux et génèrent des procès aussi interminables que coûteux pour les parties en présence.
Il faudra attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle avec l’allègement puis la suppression de la maltôte pour retrouver une situation plus apaisée. A la même époque, on assiste au retour progressif des acteurs privés, d’abord sous la forme d’une mise en location des brasseries communales puis, avec les nouvelles dispositions légales au début du régime français, la réapparition des brasseries privées.
Souces : WIKIMEDIA