Géant du cortège de la Ducasse d’Ath, le cheval Bayard est issu du cycle de Charlemagne. Introduit dans la procession en 1462, il disparaît au cours du premier quart du XVI siècle. Le destrier, chevauché par les Quatre fils Aymon, est réintroduit en 1948 dans le défilé, grâce à une société de gymnastique locale, et fut recréé par le sculpteur et archéologue René Sansen.
Nous avons rencontré, 75 ans plus tard, sa fille Myriam Sansen qui nous raconte son histoire incroyable.
Comment est né le Cheval Bayard ?
Il est né dans le garage de la maison familiale qui était, à l’époque, à flanc de rue. Cela faisait déjà pas mal d’années que la création du Cheval Bayard trottait dans la tête de mon papa.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Je crois que la création de Bayard était une reconnaissance à la résistance des Athois lors de la seconde guerre et même s’il ne le disait pas, papa était un grand résistant. C’est pour cela que dans son esprit, le Cheval Bayard était né avant 1948. Pour lui, Bayard, c’était l’honneur, la loyauté et la droiture. Bayard, c’était l’honneur, la loyauté et la droiture
Comment a été financée la création du Cheval Bayard ?
À l’époque, la Royale Alliance Athoise n’avait pas d’argent. Dans un premier temps, nous avons été fortement aidés par la Ville d’Ath et aussi par les commerçants et les artisans. Par ailleurs, j’ai encore une copie du livre d’or recensant les personnes et sociétés qui ont participé au financement.
A-t-on pu compter uniquement sur des dons financiers ?
Pas seulement. Il y a des gens qui donnaient de la quincaillerie, du velours pour la peau de Bayard, du bois et même des boîtes de vis et de clous. Je dois souligner que tous les gymnastes ont fait du porte à porte pour récolter de l’argent. À l’époque, nous sortions de la seconde guerre mondiale et les Athois avaient peu de moyens. Moi par exemple, j’ai fait une collecte à la chaussée de Bruxelles et la rue Defacq. Des habitants ont fait un don de 10, 20 et 30 centimes voir 1 franc. C’est pour cela que le Cheval appartient à tous les Athois.
Quelle a été l’implication des commerçants ?
Il y avait par exemple une usine de filateur qui a donné tout le velours pour recouvrir le cheval. Aussi, la Maison Ducornet, qui était située place Ernest Cambier, avait fait don de toutes les cordelettes. Cela a été vraiment un bel élan de générosité de tous. Sans oublier la maison Honoré et bien d’autres.
Comment cela a été possible de créer un tel géant dans une maison ?
Le garage était assez grand mais, naturellement, il fallait ouvrir les portes car il n’y avait aucune fenêtre. Que le cou et la tête du Cheval ont été montés, cela n’allait plus. Du coup, le corps de Bayard était dans le garage et le cou et la tête à la sortie. Pour la petite anecdote, mon frère aîné dormait à l’intérieur car déjà à l’époque il y avait des vandales. Robert Elius a fabriqué la structure en bois du Cheval. Il avait son atelier à la chaussée de Bruxelles. Le montage s’est réalisé à l’école communale des filles qui est maintenant l’Académie de Musique. Ce sont tous les gymnases qui l’ont transporté à bras de la maison jusqu’à cet endroit qui était le local du Cheval Bayard.
Dimanche, tous les Athois contempleront Bayard avec les yeux de chimères. Avec le recul, René Sansen, qui s’éteint en 1997, peut-être fier du destrier athois !