Depuis quelques jours, un jeune leuzois dirige la demi-finale du prestigieux concours International Tchaïkovski (session piano) du 22 au 26 juin à Moscou
Comment la cité Bonnetière pouvait cacher un si grand talent ? Mais qui est ce jeune Ayrton Desimpelaere, 25 ans, surdoué de la musique classique.
C’est que nous avons tenté de découvrir !
Qui est Ayrton Desimpelaere, celui qui dirigera la demi-finale du prestigieux Concours International Tchaïkovski ?
Je pense être le même que celui du quotidien. Je dirais que je suis quelqu’un qui apprécie la transmission et le partage et dont le besoin d’offrir à tous les publics de la musique est mon leitmotiv. J’ai besoin de découvrir, être totalement investi et toujours à l’affut de nouveaux horizons. Plus personnellement, je pense que le courage et la persévérance sont deux mots qui me caractérisent bien. Le métier de musicien n’est jamais totalement acquis, on continue d’apprendre tous les jours.
Quel a été ton parcours musical ?
J’ai d’abord commencé la musique à Mouscron, en privé puis à l’académie. Très vite, on m’a proposé de tenter les concours d’admission aux CNR de Paris et Lille puisque la Belgique ne m’offrait pas de vraie formation professionnelle. J’ai réussi les deux et à 14 ans, inévitablement, j’ai choisi la ville des lumières. Tout s’est enchaîné très rapidement, en obtenant des diplômes dans les CNR de Paris et Versailles mais aussi à la Sorbonne où j’ai suivi une licence (Bachelor) de musicologie. Puis j’ai décidé de revenir à Bruxelles, au Conservatoire, pour le piano, tout en terminant ma licence de musicologie à Paris. Je faisais donc les allers retours. Un an après, j’ai décidé de m’installer définitivement à Bruxelles et c’est à cette occasion que je suis entré au Conservatoire Royal de Mons pour y étudier la direction d’orchestre. Parallèlement, je suivais un master en histoire de l’art, orientation musicologie à l’ULB. Evidemment, durant cette longue période estudiantine, je me suis efforcé de créer et produire des concerts. Si les études sont très importantes, elles ne nous apportent pas une carrière sur un plateau. Il faut toujours aller de l’avant, oser se montrer et ne jamais laisser tomber les bras.
On le sait, tu es leuzois, as-tu toujours de la famille au sein de la cité bonnetière ?
Mon père habite toujours Leuze, ma mère étant décédée il y a peu. Mais cela ne fait que quelques années. Avant, nous habitions Mouscron.
Et quand tu as quitté le nid familial ?
A 14 ans, lors de mon admission à Paris. Je logeais dans une maison pour artistes, toutes disciplines confondues, à Courbevoie. A part travailler, je n’avais rien à faire, on s’occupait très bien de nous. Durant les premières semaines, ma mère faisait les allers retours (Belgique/Paris) pour m’aider à circuler dans la ville. Nous rentrions ensemble le vendredi pour revenir sur Paris le dimanche. Après un mois « d’adaptation », je me suis débrouillé seul et tout s’est très bien déroulé. Puis, je suis parti à Versailles, non loin du château avant de vivre dans Paris même.
Reviens-tu souvent au sein de la ville qui t’a vu grandir ?
Evidemment, il m’arrive de revenir à Leuze. Malheureusement, mon activité ne me permet pas d’y revenir « souvent ». J’ai la chance de voyager beaucoup, de rencontrer des personnes formidables et de pouvoir vivre de la musique. On ne peut espérer mieux.
Comment a réagi la famille quand ils ont appris la bonne nouvelle ?
Je crois qu’on ne réalise toujours pas. Bien sûr, il m’est déjà arrivé de très belles choses, mais arriver à un tel niveau, on est comme sur un nuage. Mais elle me soutient dans cette aventure.
Le Concours International Tchaïkovski est l'un des concours de musique classique parmi les plus prestigieux au monde. Baptisé en mémoire du compositeur russe, il se déroule à Moscou tous les quatre ans depuis 1958, année de sa création comment as-tu été choisi ?
Je dirais que j’étais à la bonne place au bon moment. J’ai rencontré il y a peu un chef d’orchestre italien, Claudio Vandelli, qui devait justement diriger cette demi-finale. Mais il lui a été proposé entre temps un magnifique concert à Munich. De fait, il m’a contacté pour me proposer de le remplacer. J’ai évidemment accepté et il a proposé ma candidature au concours, qui a été acceptée. Cela montre surtout que la patience est une qualité qu’il faut posséder lorsque l’on se dit jeune artiste.
Quelle est ta musique préférée ?
C’est une question difficile, il y en a tellement ! Je dirais que la musique de Haydn et Mozart tient une place importante dans ma vie, déjà par sa place dans l’histoire mais aussi par l’incroyable précision que l’on trouve dans les partitions. Mais j’adore aussi Brahms, Mahler, Richard Strauss, Tchaïkovski, Beethoven, Schumann, Berlioz, Stravinsky, Hindemith… Vous voyez, il m’est incapable de dire celle que je préfère tant il y en a…
Quel ensemble aimerais-tu diriger ?
Dans les « classique », je dois dire que le Concert gebouw d’Amsterdam et le Mariinsky sont deux orchestres avec lesquels j’aimerais travailler. Mais j’aime aussi travailler avec des orchestres/ensembles d’étudiants, amateurs… Chaque ensemble vous apporte quelque chose, et le chef se doit d’apporter et faire évoluer l’ensemble. Tant avec les amateurs qu’avec les pros, on apprend
Le Concours International Tchaïkovski c’est un must pour les musiciens, est-ce le sommet pour toi ?
Je ne sais pas si on peut parler de must ou de sommet. Je dirais plutôt que pour un jeune de 25 ans, belge qui plus est, c’est une chance incroyable à saisir. Le but n’est pas d’aller le plus haut le plus vite possible, mais davantage de rendre justice à l’Art. Aussi, je vais à Moscou pour accompagner six candidats qui travaillent depuis des mois, voire des années, pour ce concours. Ma première tâche n’est pas de penser à moi mais bien de les aider à passer cette épreuve de la manière la plus agréable possible. Evidemment, cela devrait être un tremplin à ma carrière puisque le concours est suivi de près ou de loin dans le monde entier.
As-tu d’autres ambitions dans un futur proche
Oui, et heureusement ! Je prépare beaucoup de concerts pour la saison à venir. J’aurai l’occasion de travailler avec différents ensembles dont le mien, tout en continuant ma collaboration avec certains solistes que j’affectionne. De la création aussi et pour le reste, l’avenir nous le dira.
Ayrton sera-t-il le nouveau Senna de la musique classique ? En tout cas, malgré sa grande notoriété, le jeune leuzois reste très sympathique et surtout accessible ! Car pour Ayrton peu importe l’endroit où il joue, l’important c’est de se faire plaisir !