Ce dimanche, la Belgique votera pour les régions, le parlement et les européennes. Et depuis quelques semaines, des partis « Citoyens » ont pointé leur bout de leur nez?
Mais qui sont-ils ? Nous avons rencontrés L’Athoise Pascale Nouls, conseillère communale LLA. Et elle est plus à l’aise d’en parler car elle ne sera pas candidate dans aucune des élections !
Rencontre
Suite aux élections communales, vous avez été élue conseillère communale pour la Liste Athoise. Que représente pour vous le fait de siéger dans un conseil communal pour un mouvement citoyen ?
C’est une vraie liberté complète d’expression. Je me considère comme n’étant pas une marionnette manipulée par un parti. Les résultats aux élections communales nous donnent l’assurance que notre mouvement citoyen a une place à représenter dans la société. Le mouvement citoyen, c’est pour moi un vent frais en politique, c’est une alternative aux partis traditionnels qui défraient les médias, et un espoir pour tous ceux qui sont abstentionnistes lors des élections. Il faut combler le décalage entre la politique et les citoyens. C’est une meilleure représentation des citoyens dans les débats politiques. C’est la possibilité de passer des grandes théories au concret. C’est pouvoir entendre des revendications du peuple plutôt que d’imposer des dogmes politiques. Et pour moi avant tout, dans le conseil communal, c’est garder un œil critique, constructif, par rapport aux projets locaux, et aussi par rapport aux dépenses publiques.
Des mouvements Citoyen présentent des listes aux élections régionales ce 26 mai. Pensez-vous que de tels mouvements doit également être présent au niveau régional ?
Niveau régional et fédéral… D’abord, je suis très très fière que notre liste citoyenne ait pu créer un prolongement avec le Collectif Citoyen. Pour moi, cela veut dire que le mouvement citoyen va perdurer. C’est important. On a vu plein de mouvements citoyens émerger un peu partout. D’abord en France, puis en Belgique, et tout cela en moins d’une année. On notera: En Mouvement à Enghien, Demain à Liège, Mouvement Citoyen à Verviers, les Listes Athoises. Comme le souligne Monsieur Walter Feltrin, que j’ai rencontré lors de la précédente réunion du Comité de Pilotage Citoyen à Namur, nos pistes ne pourront jamais aboutir seules au niveau régional et fédéral.
Justement, n’aurait-il pas trop de listes citoyennes ?
D’où l’idée essentielle de rassembler toutes les listes citoyennes afin d’avoir des visées plus haut et à plus long terme. Et par ailleurs, on doit absolument essayer d’avoir des élus à ces niveaux de pouvoir, surtout pour être respectés et prendre part à des décisions importantes. Actuellement, je siège au sein du conseil communal où les partis traditionnels, malgré tout, essaient de ne pas nous reconnaître et de nous mettre sans cesse des bâtons dans les roues. Je ne peux que constater que tous les partis traditionnels sont très puissants. Même si notre voix est une voix unique de tolérance et de partage avec les citoyens, de tout façon, les plus puissants sont les partis traditionnels. De toute façon, nous devons nous réunir, avoir un socle puissant, un socle important pour pouvoir grandir et être aussi puissants, avoir des représentants. Et être reconnus par les instances supérieures.
Qu’est-ce qui différencie principalement un mouvement citoyen d’un mouvement politique traditionnel ?
Pour moi, le mouvement citoyen est le contraire d’une structure pyramidale. L’impulsion est venue des citoyens, via les médias, via des personnalités non politiques, toutes classes sociales confondues. De toutes pensées confondues, de professions diverses, représentatives, en tout cas pour la LLA, d’une mini société. C’est d’ailleurs ce qui m’a plu: des idées tout à fait différentes. Le vrai citoyen n’appartient à aucun parti. Il n’est pas manipulé, reste autonome. Il ne dépend pas de la politique pour vivre car il a déjà un autre métier, qui lui permet d’exister. Il n’y pas non plus de clientélisme mais simplement une honnêteté citoyenne à la défense. Une liste citoyenne et les citoyens qui sont dedans doivent avoir une carrière politique éphémère. Personnellement, c’est un moment de ma vie où je peux apporter des choses positives et bénéfiques pour une société. Par la suite, je reprendrai peut-être mes activités, après ce moment éphémère.
N'avez-vous pas peur de devenir un parti comme les autres ?
Non je ne pense pas. Nous devons travailler à une éthique politique pour moraliser la vie politique. Il faut aider les gens sans bénéfice matériel. Il faut prôner un renouveau politique, avec des nouvelles personnes, des nouvelles idées, une meilleure écoute des citoyens. Depuis que je suis petite fille, je vois toujours les mêmes. Aller voter, pour moi, ce n’était plus quelque chose de très positif parce que je me disais que cela ne changerait rien. Maintenant que je suis en politique, je vois les choses différemment. Si tout le monde dit ça, on ne changera rien. Je pense qu’il y a sans doute moyen de faire bouger les choses, surtout avec un groupement citoyen comme je le connais avec la Liste Athoise. On a trouvé un groupe convivial, agréable… très chouette à construire.
En tant que mandataire local, comment envisagez-vous de collaborer avec le niveau de pouvoir régional, voir fédéral… en vue d’instaurer la philosophie des mouvements citoyens ?
Il faudra relayer les informations plus haut, pour qu’elles soient entendues. On doit d’abord exister mais il faut absolument s’organiser pour avoir du poids. Être au régional et au fédéral, ce sera une manière de valider notre place et d’également d’être au centre des décisions
Grandir est une chose, s’organiser en est une autre. Il faut encore acquérir l’art de négocier.
Malgré tout, les listes citoyennes ont du mal à se faire reconnaitre comment l’expliquez-vous
On a besoin d’un relais pour la reconnaissance de ce mouvement citoyen. Si des candidats sont élus, nous pourrons travailler avec eux à la reconnaissance des principes déjà énoncés. On doit tout faire pour les aider à réussir. Il faut être clair, pour les mouvements citoyens, il y a plein d’obstacles à franchir. Je parlais encore hier avec Florentin Ost, à la tête de la liste Collectif Citoyen WAPI: on est encore en train d’essayer de bafouer l’accès à nos mandats en intercommunales alors que nous y avons droit. Nous avons fait plus de 30% en termes de résultats et certains ministres se demandent encore si nous sommes connus et reconnus ? Faudra-t-il aller jusqu’au Conseil d’Etat alors que l’application de la Clé d’Hondt est claire en la matière ? Il faut absolument franchir ces obstacles pour approcher la cour des « grands ». Cela passe par un accès aux médias qui nous est parfois refusé… Dans tous les cas, il faut continuer à aller voir les gens, leur parler et les aider. Je pense qu’on a encore beaucoup à faire mais que ce sont de belles choses à réaliser dans le futur.